J’ai immédiatement réveillé mon garçon et nous sommes partis à sa recherche. Il ne répondait pas à nos appels et demeurait invisible. J’ai tout de suite pensé qu’il avait dû traverser la rivière et un voisin nous a gentiment prêté son canot. Nous sommes partis en canot pour remonter et redescendre les deux rives de la Yamaska puis parcourir à pied les champs et les bois sans cesser de l’appeler et sans résultats. Toute la journée nous avons arpenté les champs et les bois sans succès. Le soir venu, avec le coucher du soleil et le froid qui s’installait le moral était bas. Coco qui ne sortait jamais, toujours au chaud, allait passer une nuit à -2oC avec des averses de pluie et de neige mêlées dans un environnement totalement étranger : des arbres, le vent, les oiseaux sauvages, les champs, la rivière.
Nous avons profité des recherches qui ne pouvaient se poursuivre à l’obscurité, pour placer des avis de recherche dans tous les dépanneurs des villages environnants, les centres d’achat et les épiceries.
Le lendemain dimanche, dès l’aube, reprise des recherches et avis aux voisins de la disparition de Jaco et c’est alors qu’une personne nous a informés qu’un de ses amis avait perdu son perroquet il y a quelques années et que ce dernier avait été retrouvé sur le toit de l’église de Saint-Simon. Ce qui a changé le plan prévu de nos recherches avec l’idée que le perroquet :
1 Devait être à un endroit où nous n’étions pas déjà allés!
2 Devait avoir volé en suivant le vent dominant, donc en direction de Saint-Simon;
3 N’avait sans doute pas traversé la rivière, mais l’avait longé en direction de St-Simon.
Il y avait donc deux zones que nous n’avions pas couvertes : les boisées le long de la rivière (voir carte) en aval et le deuxième rang en direction de Saint-Simon.
Nous nous sommes séparés en deux groupes, un pour suivre le bord de la rivière l’autre pour passer devant chaque maison du deuxième rang en direction du village tout en distribuant des avis de recherche et en appelant Jaco à la sortie de l’auto.
À un moment, après avoir distribué un avis dans une boîte aux lettres, alors qu’ils repartaient en voiture, un de nos garçons a vu passer un oiseau…avec la queue rouge !! Arrêt immédiat, l’oiseau se pose dans un arbre. Observation avec les jumelles... c’est bien lui! Nous avons choisi de nous positionner dans un champ suffisamment loin pour que son vol plané soit en pente douce, et en tenant compte du vent. Après 15 minutes d’appel et le bras positionné en perchoir au-dessus de la tête, Jaco se décide à partir dans un superbe vol plané pour se poser sur le bras de ma conjointe. Hop au chaud dans le manteau, retour à la maison. Une petite égratignure près du bec, le bec froid, mais en santé.
Évidemment, il avait soif et faim, et il a consacré le reste de la journée à dormir.
Post mortem de cette aventure :
Une fugue de 28 heures avec une nuit à -2C, un peu de neige et de pluie. Il a survécu!
Ne pas lâcher, ne pas se décourager et encore ne pas perdre espoir.
Informer le plus de personnes de la disparition (porte à porte, affiches, réseaux sociaux)
Contacter les experts du domaine, comme Perroquet Secours.
Imaginer le scénario le plus probable (direction du vent, établir un rayon de 5 km autour du lieu de disparition) en ayant en tête le comportement d’un oiseau.
Voir la carte des recherches. En jaune la zone des recherches, en canot, à pied, en voiture. Le point vert la zone de départ de Jaco, en rouge le lieu de sa découverte. En bleu les 2 trajets possibles de Jaco, celui qui longe la rivière puis le ruisseau le plus probable (vol d’arbre en arbre).
Jean-Marc Rauber
